Sans l’eau de la Warche et de la Warchenne, et la présence d’élevages de moutons dont les os sont utilisés pour la colle nécessaire, cette industrie n’aurait pu se développer à Malmedy. Les archives nous apprennent que c’est en 1750 qu’un premier moulin est installé sur les bords de la Warche à l’initiative du sieur Nicolas Dewalck. Prévoyant la rentabilité de cette industrie, les moines reprennent l’affaire à leur compte. Les débuts sont difficiles et les feuilles produites de mauvaise qualité. L’arrivée de Dom André Vecqueray (1714-1778) va changer la donne. Initié à l’art de la fabrication du papier, il donne un nouvel élan à la production.

C’est sans compter sur les événements qui vont porter un coup fatal à la principauté. Avec l’arrivée des Français, Dom Henri Cavens, successeur de Vecqueray, est emprisonné car il refusait de prêter serment à la République. Les bâtiments sont mis sous scellés. Malgré la réhabilitation momentanée des moines, l’administration décide finalement la vente des constructions, lesquelles sont acquises par trois Malmédiens : Hubert Neuray, François Darimont et Henri Steinbach.

5 ans plus tard, Henri Steinbach devient seul propriétaire. C’est donc finalement la famille Steinbach qui restera davantage gravée dans les mémoires comme celle d’une grande famille de papetiers. À cette époque, Malmedy compte seize papeteries. Les avancées technologiques ne boudent pas la cité de la Warche.

Petite légende

En 1848, Malmedy fabrique le premier papier photographique mis sur le marché en Europe. Ce papier acquiert dans les milieux de la photographie une grande renommée. La qualité des papiers malmédiens est telle qu’ils obtiennent de hautes distinctions, comme par exemple une médaille d’or à l’exposition internationale du papier à Berlin en 1878.

De pair avec l’invention de la machine à papier en continu, les outils se modernisent, les installations se développent et la production augmente. En 1900, le complexe industriel de Steinbach emploie 500 personnes et exporte 70% de sa production. Quatre machines sont en activité. En 1908, la production atteint 40.000 tonnes par an !

La Première Guerre mondiale a des conséquences néfastes pour la papeterie qui perd 45% de la clientèle, mais le retour de Malmedy à la Belgique en 1920 relance la production. Plus tard, la Seconde Guerre mondiale arrête net l’élan prometteur de l’usine.

Dans les années suivantes, la papeterie Steinbach devient filiale du groupe Intermills.

Mais au début des années 2000, la conjoncture économique a malheureusement raison de cette industrie : l’usine doit fermer ses portes.

En 2011, l’ensemble du site est racheté par le Groupe Gehlen et totalement réhabilité.
Intermills Event et Business Center voit le jour en 2014 à l’endroit où se trouvaient les bureaux de l’usine. Il permet à cet ancien fleuron de l’industrie locale de non seulement en perpétuer le nom, mais également de lui rendre une nouvelle vie, tout en conservant les qualités architecturales de ses bâtiments et cette trace de l’histoire malmédienne.